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L'industrie agroalimentaire a récemment connu des changements importants : des géants mondiaux de la confiserie et de l'alimentation, tels que Mars, Nestlé et Kraft Heinz, ont tous annoncé des plans de réduction progressive des colorants artificiels dans leurs produits. Mars lancera des M&M's et des Skittles sans colorants artificiels l'année prochaine. Nestlé USA prévoit d'arrêter complètement l'utilisation de colorants synthétiques d'ici mi-2026 (90 % de ses produits ont déjà été modifiés). Kraft Heinz et General Mills ont également clairement indiqué qu'ils atteindraient le « zéro colorant artificiel » sur le marché américain d'ici fin 2027. Pepsi et Tyson ont respectivement prévu de finaliser la transformation des produits concernés d'ici fin 2025 et d'ici la fin de l'année.

Cette tendance s'explique par une double impulsion : un renforcement de la réglementation et des risques sanitaires. Aux États-Unis, la FDA et les autorités sanitaires prévoient d'éliminer progressivement tous les colorants alimentaires synthétiques dérivés du pétrole d'ici fin 2026, en commençant par le retrait de l'autorisation de colorants comme le Rouge n° 2 et l'Orange n° 2, et en supprimant d'ici la fin de l'année prochaine des colorants couramment utilisés tels que le Rouge n° 40 et le Jaune n° 5. L'UE, le Japon et le Royaume-Uni imposent également depuis longtemps des restrictions sur les colorants artificiels, exigeant un étiquetage des risques ou les interdisant purement et simplement. De plus, des études ont montré qu'une consommation prolongée de certains colorants artificiels pourrait être associée à des troubles de l'attention chez l'enfant et à des allergies. Aux États-Unis, la consommation de colorants artificiels a augmenté de 500 % au cours des 50 dernières années, ce qui alimente encore davantage les inquiétudes.

Les pigments naturels connaissent actuellement un essor important : ces deux derniers mois, la FDA américaine a approuvé quatre pigments naturels (dont le bleu de gardénia et l’extrait de fleur de pois papillon) coup sur coup, offrant ainsi aux entreprises un cadre réglementaire solide. La demande du marché est également en hausse. Le marché mondial des pigments alimentaires naturels représentait 1,2 milliard de dollars en 2021 et devrait atteindre 3,7 milliards de dollars d’ici 2031. Plus de 60 % des consommateurs évitent activement les aliments contenant des pigments artificiels. Les jeunes parents privilégient les produits « clean label » (étiquette transparente) et les tutoriels pour fabriquer des bonbons aux pigments naturels sont très populaires sur les réseaux sociaux. Parallèlement, des avancées technologiques ont permis de résoudre les problèmes de faible stabilité et de faible pouvoir colorant des pigments naturels. Par exemple, grâce à des technologies brevetées, les entreprises ont amélioré la stabilité du bleu de gardénia et de la phycocyanine, et optimisé l’efficacité de la curcumine par les techniques de co-cristallisation et de microencapsulation.

Cependant, la popularisation des pigments naturels se heurte encore à des obstacles : leur coût est 3 à 5 fois supérieur à celui des pigments artificiels, et le prix unitaire du carmin est plusieurs dizaines de fois plus élevé que celui de l’érythrosine. De plus, les entreprises doivent moderniser leurs lignes de production et investir dans la recherche et le développement à long terme. Les pigments naturels présentent également des inconvénients : sensibles à la lumière et à la chaleur, ils ont tendance à se décolorer et leur gamme de couleurs est limitée. Enfin, un processus d’extraction mal maîtrisé peut entraîner la présence de contaminants.

Malgré cela, la transformation des géants a déclenché une réaction en chaîne dans le secteur. Des concurrents comme Hershey's et Mondelez pourraient accélérer leurs actions de suivi. Les initiatives des marques étrangères stimuleront également la modernisation des entreprises chinoises. Bien que l'ère des pigments naturels se heurte à des résistances liées au coût et à la sécurité, grâce au soutien des politiques, de la demande et des technologies, elle est devenue une tendance irréversible dans l'industrie agroalimentaire.